Les relations essentielles
Même si les conflits familiaux, amicaux ou relationnels ne sont ni nouveaux ni rares, nos liens, aujourd’hui, explosent. L’atmosphère actuelle les rend plus insupportables parce qu’il est possible que l’on parvienne de moins en moins à communiquer et donc à accorder chaque point de vue.
Dans notre société actuelle, le moindre désaccord devient une fracture. Nous ne savons plus nous écouter, plus nous parler, plus nous rejoindre. Nous vivons épuisés, sous pression, nos émotions sont exacerbées, notre patience est infime et nous sommes enfermés dans nos écrans qui dictent nos réactions et attisent nos colères et donc les tensions. Résultat : au lieu de comprendre l’autre, nous dégainons la défense, la fuite, la coupure face à la mésentente.
Alors, en querelle, vous êtes amené à couper le lien avec celui ou celle qui vous blesse et à cheminer désormais seul.e. Observons que même si quelque fois ce comportement est nécessaire, il amène aussi à échapper au dialogue ou à cesser le lien trop vite. Mais, en tout état de cause, cette peur d’être malmené par l’autre s’impose face à la réconciliation.
Ainsi, dans l’affrontement avec l’autre, vous fuyez en vous taisant, en vous éloignant, en coupant le contact. Vous êtes d’abord comme soulagé tandis que vous installez un silence qui renforce la problématique, puisque possiblement, vous cassez le lien pour protéger votre lecture de l’histoire qui est sincère pour vous. Le besoin de reconnaissance de votre point de vue, même si légitime, passe avant l’écoute de la vision de l’autre. Et, voilà venu le : « ce n’est pas de ma faute, c’est de la sienne ».
La rupture est un moyen rapide d’auto protection et s’éloigner paraît donc ne faire prendre aucun risque. Mais, croyant se mettre à l’abri de l’autre, nous faisons au contraire grimper notre anxiété, voire pire, nous perdons confiance en toutes nos relations proches. Nous appauvrissons alors nos compétences empathiques à nuancer l’événement conflictuel, à arranger les choses voire peut-être à pardonner.
Pour combler le vide, on cherche des alliés : amis, proches, réseaux sociaux. Nous voulons qu’on valide notre colère, nous voulons avoir raison et, ce faisant, nous nous éloignions de la réalité, cherchant plus que tout à nous préserver plutôt qu’à chercher à rejoindre l’autre pour le comprendre et se faire comprendre. Ainsi, nous nous abandonnons à un cercle vicieux où frustration, sentiment d’abandon, culpabilité et solitude se mélangent et deviennent la norme.
Oui, rompre est facile, reconstruire demande du courage et, ce courage, aujourd’hui, manque cruellement.
Je ne promets ni paix familiale forcée compte-tenu d’une loyauté aveugle sous couvert du lien de sang ni réconciliation garantie avec un proche ou un ami. Mais, je vous propose quelque chose de plus puissant : retrouver la force de poser des limites saines et claires, la lucidité de comprendre vos réactions en vous guidant vers votre paix intérieure pour dépasser le conflit et vous relever, même si l’autre ne revient pas. Parce qu’avant de réparer un lien, on a tout à gagner à se réparer soi.
Corinne Macone.